Psychopilules

La tendance à médicaliser tout vécu négatif fait naître l'illusion qu'être "sain d'esprit" correspond au "bonheur à tout prix et en toute circonstance" et à la conviction que quiconque s'en démarque a un problème psychologique, voire biologique, qui sera résolu avec un médicament. Ainsi le deuil éprouvé à la mort d'un être cher devient une dépression, la timidité se transforme en phobie sociale, l'anxiété face à une épreuve ou à un imprévu devient le signal d'un trouble biochimique, le gamin vif ou indiscipliné se transforme en un malade présentant un syndrome de déficit de l'attention qu'il faut soigner, de préférence avec un médicament psychoactif qui fera de lui un élève modèle.

Toute vie est faite de hauts et de bas. Il est légitime de se demander s'il est vraiment nécessaire d'interpréter chaque souffrance ou difficulté en termes de trouble psychologique. Les manuels diagnostiques ont connu un développement significatif de leurs catégories qui finissent par comprendre pratiquement tous les types de maux.

Aussi, les traitements pharmacologiques connaissent un succès croissant, pour la plus grande joie de l'industrie pharmaceutique. Les intérêts économiques jouent un rôle non négligeable, si l'on considère le nombre de patients potentiels. Tout cela a nourri la tendance actuelle à prescrire des médicaments psychoactifs avec une facilité extrême, et cela même par des médecins non spécialistes. Pourtant, ces médicaments ne sont pas toujours utiles et peuvent se révéler dangereux.

Dans tous les cas, il faut les connaître et les administrer avec précaution, étant donné leurs considérables effets secondaires. L'objectif de cet ouvrage est de répondre aux questions suivantes : Sommes-nous tous fous ? Est-il vrai que les troubles mentaux sont des maladies du cerveau ? Comment fonctionnent les médicaments psychoactifs ? Qui devrait en prendre ? Psychothérapie et médicaments psychoactifs constituent-ils deux approches contradictoires dans le traitement des troubles ...

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